La grue du Japon, ou grue de Mandchourie, ou encore grue à couronne rouge, est l’oiseau symbole de l’île de Hokkaido. Cet échassier, l‘un des plus grands oiseaux du monde (150 cm de haut, 250 cm d’envergure pour un poids de 7 à 10 kg), s’identifie facilement par le « sommet vermillon » qui orne le haut de sa tête. C’est un oiseau migrateur qui se reproduit principalement dans la région du lac Khanka, à la frontière entre la Russie et la Chine. Chaque année, les grues de Hokkaido entament donc un trajet de plusieurs milliers de kilomètres au printemps pour revenir à l’hiver.
Particulièrement élégant dans sa livrée majoritairement blanche, contrastant avec son cou et le bout de ses ailes noir, l’oiseau est notamment connu pour sa danse de séduction chantée, élaborée en majesté, lors de la période de reproduction. La grue est monogame, et son couple est formé pour toute la vie. La femelle pond généralement de un à trois œufs, mais seul un gruau parvient éventuellement à survivre. Il sera capable de prendre son envol à l’âge de 70 jours, mais n’acquerra son statut d’adulte qu’au bout de 2-3 ans. Vivant en bandes, la population de grues japonaise est estimée à un millier d’individus, d’où son statut d’espèce vulnérable. Les chances d’en apercevoir sont limitées, puisqu’elles fuient les zones peuplées, les routes et tous les habitats modifiés par l’activité humaine. La meilleure chance d’en observer un groupe en liberté sera de vous rendre dans le parc national de Kushiro-Shitsugen. A défaut, vous pourrez en voir derrière des grillages dans les zoos de la région.
Les grues japonaises sont omnivores : insectes, poissons, amphibiens et rongeurs figurent notamment à son menu, de même que roseaux, herbes et baies diverses.
Dotée d’une image positive –paix, chance et sagesse- la grue japonaise a été particulièrement représentée, par le passé, sur les panneaux décoratifs des riches demeures et sur les estampes traditionnelles. Parce qu’elle est aussi symbole de la longévité, de fidélité, de bonne fortune et de persévérance, c’est un motif de tatouage, autant pour les hommes que pour les femmes. Pour les mêmes raisons, c’est aussi l’origami –art du pliage de papier- le plus couru.
Au Japon il est habituel d’offrir des guirlandes de telles grues pliées aux malades afin de les aider à guérir. Cette tradition veut que l’on prie lors du pliage et que toutes les grues soient reliées entre elles. C’est la raison pour laquelle la grue du Japon peut être considéré comme l’origami de base, celui que les petits japonais apprennent à plier dès leur plus jeune âge.
Sur ce sujet, l’histoire la plus connue ramène au destin tragique de Sadako Sasaki, une fillette atteinte de leucémie, conséquence du bombardement expérimental américain du 6 août 1945 sur Hiroshima. Dans l’espoir de guérir, la fillette avait formé le projet de réaliser une guirlande de mille grues de papier. Elle mourut à l’âge de douze ans sans avoir pu la terminer. Et ce sont donc ses camarades qui plièrent les 356 grues restantes en mémoire d’elle.